
Briser les tabous : quand la diversité devient une force
Le 7 mai, IMS (Inspiring More Sustainability), en collaboration avec Schroeder & Associés et ALAN (Maladies Rares Luxembourg), a organisé une conférence dédiée à la neurodiversité et au handicap, dans le cadre de son mois de la diversité. Signataire de la Charte de la Diversité initiée par IMS, Schroeder & Associés souhaitait proposer un événement collaboratif, interactif et porteur de sensibilisation.
Cette initiative s’inscrit dans une volonté de promouvoir une culture de l’échange sans stigmatisation, de lever les tabous et de favoriser une parole libre autour du handicap. Inclusion et sensibilisation, loin des stéréotypes, étaient au cœur de cette rencontre.
La soirée a été animée par Alexia Merel, cheffe de projet chez IMS, qui a débuté par un quiz instructif sur les chiffres liés au handicap. Saviez-vous que 15 % de la population luxembourgeoise, soit environ 94 000 personnes, se considère en situation de handicap ? Pourtant, seulement 7 227 bénéficient officiellement du statut de salarié handicapé. Un chiffre interpellant, alors que 80 % des handicaps sont invisibles et que seuls 15 % sont présents depuis la naissance.
Une table ronde a ensuite réuni plusieurs intervenants : Gwennaëlle Crohin (directrice adjointe de ALAN – Maladies Rares Luxembourg), Marc Feider (ingénieur-associé), Sophie Muller (membre de la délégation du personnel et déléguée à l’égalité), et Vincent Heintz (salarié désigné SST - Santé et Sécurité au Travail - et référent Qualité de Vie au Travail chez Schroeder & Associés).

Marc Feider et Sophie Muller ont ouvert la discussion en partageant leurs expériences de personnes dyslexiques.
Marc Feider raconte:
« À l’école, j’ai rapidement compris que l’écriture n’était pas mon point fort. N’ayant pas suivi un parcours scolaire classique, je me suis naturellement tourné vers le secteur des métiers, où j’ai finalement obtenu un diplôme d’ingénieur en génie civil. La perception en trois dimensions, les calculs, la gestion de projets – tout cela me vient naturellement. En revanche, la rédaction sans fautes, c’est un domaine où je sais que j’ai besoin de soutien. Chez Schroeder & Associés j’ai trouvé un vrai binôme en la personne de ma secrétaire. Elle seul connaît bien mon petit handicap et m’assiste au quotidien pour que mes écrits soient clairs et irréprochables. C’est un fonctionnement qui marche très bien, dans la confiance et l’efficacité. Ma dyslexie ne m’a jamais empêché d’avancer : je m’entoure simplement des bonnes personnes pour aller plus loin. »
Sophie Muller ajoute:
« Moi aussi, j’ai dû ruser à l’école et au début de ma carrière. Aujourd’hui encore, j’ai une personne de confiance pour les dossiers. Les calculs, pas de souci. Mais l’écriture, c’est un vrai défi. Heureusement, avec les outils informatiques actuels, ça m’aide beaucoup. »
En tant que déléguée à l’égalité, elle précise :
« Je garde toujours une oreille attentive pour les collègues. J’essaie de créer un cadre où ils se sentent en confiance pour venir me parler s’ils rencontrent des difficultés. »

Vincent Heintz a ensuite pris la parole pour évoquer son expérience du daltonisme:
« Quand j’ai été convoqué pour le service militaire en France, j’ai vite été écarté de certains postes à cause de mon trouble de la vision des couleurs. Par exemple, l’armée de l’air, ce n’était pas possible. Aujourd’hui, en gestion de projet, je travaille souvent avec des plans de bâtiments. Et sur ces plans, les couleurs… c’est un vrai casse-tête. Je demande souvent qu’on les adapte, parce que le rouge et le vert, pour moi, c’est la même chose si je ne me concentre pas particulièrement. »
En tant que référent Qualité de Vie au Travail, il souligne:
« J’encourage les collègues à venir me voir s’ils ont un souci ou une situation de travail qui pourrait être améliorée. Souvent, les ajustements à faire sont simples et rapides. Mais pour ça, il faut que les gens osent en parler. C’est aussi pour ça qu’on organise ce genre de conférence. »
Enfin, Gwennaëlle Crohin a rappelé la réalité quotidienne des personnes atteintes de maladies rares:
« Être intégré dans la vie socio-professionnelle, c’est important. C’est pour cela que beaucoup n’en parlent pas à leur patron ou à leurs collègues. Même si elles sont souvent plus fatiguées, ces personnes veulent rester performantes et éviter d’être mal perçues. Il reste encore beaucoup de tabous. Se confier à un chef ou à un collègue, c’est un long processus de confiance.»
Cette table ronde a été marquée par des témoignages sincères et émouvants. Briser les barrières existantes, c’est renforcer l’inclusion. Et une entreprise inclusive est, par essence, une entreprise plus forte.